Le Micro-Lycée à l’exposition « Liberté ».

Le Micro-Lycée a visité l’exposition « Liberté » organisée par l’UMAM à la galerie Lympia de Nice, le 11 septembre 2019. Les élèves ont pu y sélectionner les œuvres qu’ils préféraient et en discuter avec l’animatrice culturelle du musée.

L’exposition « Liberté, Liberté chérie » utilise l’art pour proposer une analyse compréhensive et diversifiée du concept de liberté. Nous vous proposons ci-dessous l’article de Simone Dibo-Cohen, article publié chez médiapart.

L’exposition, organisée par l’U.M.A.M. (Union Méditerranéenne pour l’Art Moderne), rassemble les œuvres d’artistes locaux et internationaux qui offrent des pistes de réflexion pour la compréhension d’un sujet autant nécessaire qu’ambivalent, celui de la Liberté.

Dans une période où on assiste au retour des esprits nationalistes et fondamentalistes, une considération de la signification de la liberté individuelle et collective devient un besoin pressant. Dans ce climat, les artIstes proposent un parcours d’œuvres qui recouvrent différents médias – peinture, sculpture, installation, photographie et vidéo – et proposent un itinéraire hétérogène qui guide le spectateur à travers les complexes significations qui se cachent derrière un concept si polyvalent. 

Elles sont à la fois associées à la revendication des droits fondamentaux de l’homme, et à la fois instrumentalisées par le pouvoir pour ne donner qu’une impression fictive de liberté. 

Dans le mot de Paul Valéry : « liberté, c’est un de ces mots détestables qui ont plus de valeur que de sens ; qui chantent plus qu’ils ne parlent, qui demandent plus qu’ils ne répondent ». Ce message pourrait être le fil rouge de l’exposition qui n’envisage pas de donner une réponse définitive à la question « qu’est-ce que la liberté ? », mais nous invite à considérer la valeur et le sens de cette notion en différents milieux et contingences historiques. 

Le billet de l’U.M.A.M. – Simone Dibo-Cohen 

Il ne peut y avoir ART que là où il y a intention de créer, c’est-à-dire l’expression d’une LIBERTÉ !  L’U.M.A.M. (Union Méditerranéenne pour l’Art Moderne) créée à Nice en 1946 et que j’ai l’honneur de présider depuis 2007, reste fidèle à ses Présidents d’honneur Henri Matisse et Pierre Bonnard. Notre association, profondément attachée à l’aide aux artistes émergents, adhère à la citation d’Elsa Triolet : « créer est aussi difficile qu’être libre. » Cette liberté, un des trois piliers de la République, chère au cœur des citoyens, l’est encore plus à celui des artistes car elle détermine leur pouvoir d’expression en faisant tomber les limites de tout ordre qui souvent les ont contraints à se modérer, voire disparaître. 

On remarque que dans les autocraties, l’expression artistique est complexe. L’art est la première cible visée par les dictatures. La barrière une fois ouverte, tout est possible, et cela affole certains dirigeants qui préfèrent museler l’art car il est porteur de ce sentiment de Liberté qui autorise l’artiste à repousser toutes les limites. On admet que l’Art favorise la Liberté, mais de quelle Liberté s’agit-il ? La liberté de l’artiste, liberté de créer, si l’artiste est libre de sa création et ce n’est pas toujours le cas. 

Il n’y a aucun hasard si l’U.M.A.M. s’appuie sur ce concept. En effet, lorsque l’Union Méditerranéenne pour l’Art Moderne est fondée à Nice, c’est parce qu’il y a moins d’une année que la deuxième guerre mondiale est terminée. Nous sommes le 1er juin 1946 et les artistes, comme le peuple, sortent de six années de privations. Le besoin d’exposer des artistes vivants se fait sentir (L’UMAM en exposera plusieurs milliers depuis, outre Matisse et Bonnard, tels Picasso, Braque, Chagall, Delaunay, Monet, Renoir, Soutine, Utrillo, Vasarely, Klee, Kandinsky, Segonzac, Brayer, Vlaminck…), en offrant aux regards la quintessence de cette création réprimée et bâillonnée pendant ces longues années. Également en 2013, l’UMAM présentera au travers de six lieux répartis de Menton à Cannes un hommage à Jean Moulin, dont la galerie Romanin était située rue de France à Nice. Une minute de silence préalable au vernissage avait marqué réellement l’assistance.

Henri Matisse et Pierre Bonnard demandèrent aux organisateurs de l’UMAM de créer un Musée d’Art Moderne à Nice (aujourd’hui le MAMAC ) et à Cagnes sur Mer (le Château Musée Grimaldi). Dés lors de nombreuses expositions réunirent des artistes des deux rivages de la Méditerranée, dont les Biennales très courues : à Nice, Cannes, Menton et Cagnes sur Mer. C’est avec l’Ecole de Nice que vont apparaître les nouveaux réalistes et supports-surfaces. 

Notre belle région offre aujourd’hui au public, grâce au Département qui nous en a confié la responsabilité pour cette exposition, un aperçu de la nouvelle création autour du thème de la Liberté. 

Dans ce nouveau lieu d’exposition initié par le Département qu’est la Galerie LYMPIA, composée du Pavillon de l’horloge et de l’ancien Bagne, où la notion de Liberté a une connotation particulière, on retrouve des artistes plasticiens dont certains furent toujours libres et d’autres échappés des chaînes de leur pays pour venir en France et pouvoir s’exprimer. Au delà d’une simple exposition c’est un hommage, un cri, un appel, un avenir. 

Quand on évoque la Liberté en Art on pense à la statue de Bartholdi à New York, au Départ des Volontaires de 1792 (La Marseillaise) de François Rude sur un pilier de l’Arc de Triomphe et bien entendu à la Liberté Guidant le Peuple de Delacroix…, d’ailleurs cette toile réapparaît dans cette exposition sous une forme inattendue par Gérard Rancinan, toujours empreinte de son immense symbolisme. (A voir le making off de cette photographie).  Le thème de la Liberté devrait approfondir le questionnement de chacun sur pourquoi l’artiste conçoit l’œuvre qu’il présente ; ici, certaines créations ayant été conçues spécifiquement pour cette exposition, d’autres existantes dans ce registre. 

La liberté est-elle une illusion ?

 Liberté de droit, d’indifférence (pour Descartes » la liberté d’indifférence est le plus bas degré de la Liberté car le choix n’est motivé par aucune raison réfléchie »), liberté d’être (l’esclave de Franta, ou qui est retenu prisonnier tel l’exclu de Corda), d’une naDon (The Kid, Liu Bolin, Baoxun Li…), Liberté d’opinion ou de la pensée (Joseph..), de langage, de la presse (Kianoush, KrisDan), de l’église, de mœurs (Meneghello), politique (Corda, Joseph, Bennacer ) ou de la considération animale (Bombardieri, Zad).  Les mots Liberté et Art se sont toujours côtoyés. L’artiste cherche par son témoignage à pousser le spectateur à réagir. Faisant fi d’un art qui se contente d’être esthétique et décoratif, l’UMAM a choisi des œuvres et des créateurs qui parfois dérangent, mais aussi ouvrent une porte sur l’espérance. 

On ne possède pas plus la Liberté que la vérité ou l’amour.
Hannah Arendt évoque la complexité que chacun se fait de la Liberté dans sa série « la crise de la culture ».  Grâce à l’art l’Homme s’arrache à la nature, projette son image dans le monde, lui donne la marque de sa conscience.  Selon le manifeste de l’observatoire de la Liberté de création publié en 2003, «L’œuvre d’art, qu’elle travaille les mots, les sons ou les images, est toujours de l’ordre de la représentation. Elle impose donc par nature une distanciation qui permet de l’accueillir sans la confondre avec la réalité. C’est pourquoi, l’artiste est libre de déranger, de provoquer, voire de faire scandale… » 

L’exposition « LIBERTÉ, LIBERTÉ CHÉRIE » à la Galerie LYMPIA, cet Espace Culturel Départemental unique, offre un aperçu précis de la création contemporaine représentative de ce sujet sous tous ses aspects. 

Simone Dibo-Cohen 

Pour ouvrir NICE à une autre culture :
Des artistes émergents et de qualité, déjà importants sur la scène ar.s.que et qu’il serait judicieux de suivre, côtoieront des artistes de réputa.on Internationale, présents dans les plus grands Musées et exposés dans le monde en.er, pour nous donner à admirer des œuvres parfois inédites, souvent exceptionnelles, mais toujours magistrales.