Lutte contre le Harcèlement Scolaire

Voici un court métrage pour lutter contre le harcèlement scolaire réalisé et joué par les élèves de seconde classe 705 et leur professeure de Sciences Economiques et Sociales (Madame Isabelle  Lapresa) dans le cadre de l’ apprentissage des SES au lycée.. Le harcèlement scolaire est insidieux , violent et destructeur et doit être combattu et  anéanti.

 

« Ça crée un petit malaise »: l’initiative inédite de ce lycée de Menton pour lutter contre le harcèlement scolaire   www.nicematin.com

Comment aborder les problèmes de harcèlement de manière sensible mais efficace? Le
lycée Curie, à Menton, s’est penché sur une solution assez inédite. En ayant recours… au
théâtre. Mais pas n’importe lequel: un théâtre dans lequel les spectateurs deviennent
acteurs, et engagent une réflexion collective.Exemple mardi dernier. « La pièce dure une demi-heure. On va vous demander d’être
attentifs par rapport à ce qui vous heurte, vous énerve, vous attriste. Quand ce sera fini,
vous aurez la parole, en toute liberté », introduit l’une des comédiennes face aux lycéens.
« On reviendra sur les situations qui vous ont marqués. Des pistes vont émerger, vous
viendrez les tester en direct. Pour voir ce que ça donne si on les incarne », complète une
autre. Les lumières s’éteignent. Place aux saynètes. Diktat de l’image et des réseaux
sociaux ; conversation téléphonique d’un homme où suinte le harcèlement moral qu’il fait
vivre à une collègue; harcèlement scolaire et spirale infernale ; acharnement d’un groupe
d’amis contre l’un des leurs…
Frapper les harceleurs?


Les lumières se rallument. « Vous avez des choses à dire? », questionne la comédienne qui
se mue en médiatrice. Murmure dans la salle. Elle insiste: « Tout s’est passé de manière
sereine? »
Farid est le premier à parler. « Ça crée un petit malaise. Surtout une scène », glisse-t-il.
Évoquant sans surprise la séquence où il est question de harcèlement scolaire. Main aux
fesses, mise en ligne de la scène qui a été filmée, tentative de révolte de la victime,
colère, moqueries qui persistent, abattement, déscolarisation… Farid remarque que le
personnage, Emma, ne peut pas s’empêcher de répondre aux notifications de réseaux
sociaux dont elle est la protagoniste, à ses dépens.
Au fil des échanges, la maïeutique fait effet. Les lycéens abordent le besoin de savoir ce
qu’on pense de nous – même quand c’est négatif -, l’injustice de la situation. Après avoir
suggéré de taper les harceleurs, Abde est le premier à monter sur scène pour tester sa
solution. Il va devoir improviser face aux comédiens. Dans ce jeu de rôle, il sera Mathis,
le frère d’Emma. Qui vient de tomber sur des choses concernant sa sœur et souhaite lui
en parler. En face, la comédienne qui joue Emma s’adapte au propos. Souligne combien il
est difficile d’en parler. Évoque sa honte, la peur d’être considérée comme une balance.
Comprend que même si taper les harceleurs ferait du bien quelques instants, la situation
ne serait pas réglée pour autant. Fin de la scène.
Parler à ses proches?
L’attention se porte de nouveau sur la foule de lycéens. « Qu’est-ce que vous avez perçu de
l’extérieur? », interroge la médiatrice. Rapidement, la notion de « fille facile » fait débat. « Ça
signifie qu’on accepte, on préfère ne pas répondre », tente un élève. « Non! Si on ne dit rien,
c’est parfois parce qu’on n’ose pas », corrige une camarade.
Guidé par les questionnements de la médiatrice, un lycéen souffle que si Emma rejette
toutes les solutions apportées « c’est elle qui refuse, c’est son choix ». « Ce n’est pas parce
qu’on refuse de l’aide qu’on n’en a pas besoin », rétorque Farid, invité à monter sur scène à
son tour. Lui aussi revêt les habits de Mathis, mais avec une autre approche. Il s’adresse
cette fois-ci au père.
Alors que ce dernier évacue le problème faute de temps, Farid/Mathis insiste. « Il y a des
choses qui circulent sur Internet. Emma se fait harceler », pose-t-il. Mentionnant des gestes
non appropriés sur une femme. Face à l’incompréhension du père, il détaille. Évoque des
attouchements. Jusqu’à ce que le père appelle le directeur d’établissement pour signaler
qu’il envisage porter plainte.
Une fois la scène terminée, la médiatrice revient à la charge. « C’est légitime, de porter
plainte? ». Il n’y a pas de preuve, glisse un élève. « Oui, c’est légitime », le contrecarre-t-on.
« Concrètement, on parle là d’agression sexuelle », tranche la médiatrice. Stupeur sur le
visage de certains. « Il est ici question de la notion de consentement. Je sais que c’est
chaud comme sujet… », poursuit la professionnelle. Qui demande cette fois-ci s’il n’y a pas
un autre appui pour faire avancer les choses. Et suggère aux élèves que dans le groupe
de harceleurs, tout le monde n’est pas actif. Il y a ce qu’elle appelle le ventre mou. « On
exige beaucoup des victimes. Mais la solution est parfois ailleurs. Comment agir sur ceux
qui mettent la pression ou sur les témoins? »
Dynamique de groupe
Dernière à se prêter au jeu, Emma campe le rôle de Stéphanie, la cousine de l’une des
membres non actifs du groupe (Marine). Et prend aussitôt à partie cette dernière, en vue
de la mettre devant ses responsabilités. Alors que sa cousine se défausse au motif que
ce n’est pas elle qui a mis la main aux fesses, elle enfonce le clou. « Tu participes. Et on
sait bien que plus il y a de monde, plus c’est difficile de réagir… »
À mesure que la conversation (fictive) se poursuit, les élèves spectateurs comprennent
que Marine a peur d’être harcelée à son tour. La médiatrice opine.
« C’est toute la question de la dynamique du groupe, il faut pouvoir récupérer son pouvoir –
au sens de la capacité d’action. On a tous le choix d’agir ou non. La question la plus
importante soulevée, c’est qu’est-ce que je fais? Il y a toujours un petit endroit d’action,
même une petite lucarne. »
Photo Jean-François Ottonello.
Méthode alternative pour compléter un travail de fond
Cette intervention entre pleinement dans le programme de prévention et de traitement
des situations de harcèlement entre élèves appelé pHARe, explique Céline Dolmen,
proviseure adjointe du lycée. Précisant qu’après avoir été déployé dans les écoles et
collèges en 2022, le plan s’est étendu aux lycées en septembre dernier.
Deux équipes spécialisées (professeurs, CPE, psychologue, infirmier…) sont ainsi en
formation. La démarche s’appliquant à la fois au lycée général et professionnel. « On
remarque que le lycée professionnel est très réactif, plus que dans le général où les élèves
ont parfois un sentiment de surdose – alors que le problème se pose encore », souligne la
responsable. Indiquant que cette semaine, 7 classes du lycée général, 7 du lycée pro et
90 collégiens de Vento et Maurois ont bénéficié de cette expérience de théâtre forum.
« On reproche souvent aux élèves un manque d’empathie. L’enjeu, là, c’est justement de se
placer au cœur des émotions et d’essayer de trouver une solution. Ce qui entre bien en
résonance avec la méthode pHARe de préoccupation partagée. »
Référente harcèlement au sein du lycée, Sandrine Ambrosi souligne que l’objectif de
cette pièce de théâtre interactive était de graver les esprits. Plus qu’une conférence ne le
ferait. « Les élèves n’imaginent pas toujours que ces faits peuvent conduire à des sanctions.
Il y a plusieurs types de harcèlement. Parfois, ils aiment beaucoup la personne qu’ils
traitent mal. Le problème se pose quand tout est banalisé », résume-t-elle.
Soucieuse d’informer, de sensibiliser avant de réparer. « Nous sommes nous-mêmes en
train de nous former à ces questions. Mais la prochaine étape sera la nomination d’élèves
ambassadeurs – des libellules qui gravitent, alertent. L’extériorisation est importante:
souvent, le harceleur lui-même a été blessé par quelque chose », complète la professeure.
Indiquant avoir eu quelques cas à traiter au sein de l’établissement. « Mais nous avons
toujours réussi à le faire avant que cela s’envenime. »
Basé sur du réel
A l’origine de ce projet audacieux, on retrouve les compagnies Le Regard debout et Ema.
« Au travers de nos ateliers théâtre et de nos échanges avec les adolescents, nous avons
constaté que le harcèlement était une problématique récurrente et grandissante, expliquent
les comédiens. Nous avons constitué une base de données avec des témoignages
d’adolescents, des textes de loi, des articles. Nous avons exploré l’univers des réseaux
sociaux, des jeux en ligne, des chaînes Youtube. » De manière à ce que la pièce aborde des
contextes très différents (au travail, à l’école, ou encore dans les cercles privés)